Le corps et l’esprit au diapason de la nature
Rencontre pleine d’énergies avec Delphine Tazi, ostéopathe D.O. Elle nous parle de l’harmonie corps et esprit, et des liens essentiels avec la nature. Quand l’organisme, les émotions et la nature sont aussi intimement liés, on comprend bien que nous sommes un tout, et que la fluidité énergétique permet d’aborder la saison de l’automne et de l’hiver de façon optimale. Comme elle le dit, “si c’est beau, bon, doux pour vous, c’est que vous êtes sur le bon chemin”
Delphine, tu es ostéopathe, donc c’est dire que les énergies sont une notion que tu pratiques et maitrises tous les jours, peux tu nous parler de ton métier ?
Je suis en effet ostéopathe. C’est une science, une philosophie de vie mais aussi un art.En ostéopathie, ce que l’on vise c’est qu’il y ait toujours du mouvement, que rien ne stagne. Du mouvement, que ce soit au niveau physique, fluidique mais aussi énergétique, c’est important que tout puisse bouger en harmonie dans le corps, de ne sentir aucune restriction. J’aime beaucoup dire à mes patients que l’on forme un tout avec la nature, et qu’on travaille en harmonie avec cette nature
En quoi cela consiste t il concrètement ?
C’est se mettre au diapason des saisons, pour être énergétiquement le plus en accord. Si on aborde la saison de l’automne, c’est une saison difficile sur un plan énergétique pour le corps. Je le vois bien chez les patients, où il y a beaucoup de changements dans le corps, comme dans la nature d’ailleurs.
C’est une saison où les énergies retombent, on vient de l’été où tout bougeait, où on a eu chaud. Là, on est dans une saison où il fait un peu plus froid, on a besoin de douceur, de chaleur, on voit cette nature qui bouge énormément, qui est magnifique, avec des couleurs et des odeurs superbes.
En automne, on est dans l’énergie du poumon, c’est important de le savoir pour prendre le temps d’aller respirer dans la nature. C’est une période où on a besoin de se retrouver au chaud, de se retrouver en famille, chez soi, de manière à se préparer à l’hiver qui arrive. L’hiver où on va être plus en dormance, avec une énergie qui va dormir. On va se poser et pouvoir réfléchir, à sa vie, son corps, et à soi.
En automne le niveau d’énergie baisse ?
En fait c’est un peu plus complexe que cela. Ce n’est pas l’énergie qui baisse, c ‘est un autre mouvement d’énergie, mais c’est toujours un mouvement. Au printemps tout monte, c’est la germination, en automne tout redescend. Il faut accepter qu’on a moins d’entrain, d’énergie, et qu’on a besoin de se poser, d’être en regard de soi et être moins dans l’action.
Cela a donc un retentissement sur les émotions ?
Complètement, c’est perturbant. Accepter les émotions, c’est accepter de ressentir les choses, c’est merveilleux. On se replie pour réfléchir.
Les émotions sont liées aux saisons et aux parties du corps, non ?
Tout à fait. À l’automne, nous sommes dans l’énergie du poumon, et elle travaille sur des émotions de tristesse et de mélancolie ; la nature baisse, elle est un décor magnifique mais c’est triste de passer d’une nature luxuriante à une nature où tout descend. Cette émotion est naturelle, comme toutes les émotions, et il faut les accepter, c’est normal de les ressentir.
Donc la « déprime » de rentrée c’est quelque chose qui est inéluctable, c’est la nature ?
Exactement, c’est la nature, on ressent tous une petite baisse, une petite tristesse après l’été, les vacances. C’est normal d’avoir une déprime légère, c’est un changement, un passage vers l’hiver, où on sera sur les énergies du rein. Celles ci travaillent sur nos peurs, toutes les peurs. C’est l’hiver où on se pose, où on réfléchit à ce qu’on va entreprendre pour le printemps, on est dans l’action. Au printemps, l’énergie remonte, les projets se mettent en place, et il n’y a plus de peurs
L’hiver, on se retrouve donc nous aussi en état de dormance, comme la nature ?
Tout à fait. L’hiver c’est le froid, le gel, ça constricte, ça resserre, ça contient la graine pour qu’elle soit prête à germer au printemps.
Donc pendant l’hiver on prépare notre organisme ? Comment fait on pour passer à la saison d’après?
La nature a mis à disposition tout ce dont on a besoin au moment où on en a besoin. On a des légumes, les fruits de saison, cela a été fait pour : ces fruits et légumes contiennent les vitamines et les minéraux dont on a besoin à chaque saison
En automne, on a a tous les oléagineux, les noix, les amandes, les noisettes, les châtaignes qui nous apportent les bonnes graisses pour préparer l’hiver. Ensuite tous les légumes, les choux, les courges qui vont être cuites, car on a besoin de nourritures plus chaudes pour préparer l’hiver.
C’est pour cela que l’hiver on n’a pas envie de crudités ?
Oui et le corps n’a pas besoin de crudité, de cru, d’eau. L’automne et l’hiver on a de l’eau, ce sont des saisons humides, donc on n’a pas besoin d’en apporter. C’est simple, il faut aller dans le potager voir ce qui pousse, c’est ce dont on a besoin. Les bonnes vitamines, les bons minéraux préparent déjà le corps. Ensuite c’est accueillir les émotions inhérentes à ces saisons ; en automne et en hiver, il faut faire des activités plus calmes, de yoga, méditation, stretching, plutôt que d’entreprendre un marathon ! C’est comme cela qu’on peut aborder les saisons de manière optimale.
Sur l’alimentation, tu sais de quoi tu parles car tu as un magnifique potager en Dordogne, mais en tant qu’ostéopathe, comment aides tu tes patients à mieux passer l’automne, et l’hiver ?
En ostéopathie, on utilise différentes techniques, tissulaires, viscérales, crâniennes qui vont être adaptées au patient, à sa demande, à son besoin, à sa restriction. J’aime beaucoup travailler le moment présent, de quoi a besoin mon patient au moment où il vient me voir., comment je peux redonner du mouvement. Plus il y aura de mouvement, de non restriction, plus on y voit clair et moins on sent ce stress, cette anxiété, et on peut les accepter et les aborder différemment
Tu fais circuler ces énergies, tu les fluidifies et c’est ça qui crée un état de bien être et d’harmonie du corps et de l’esprit ?
C’est très bien résumé, que rien ne stagne, c’est la clé.
Tu me fais rêver un peu avec le printemps et l’été, que se passe t il ?
Au printemps, tout se réveille, les fleurs éclosent, les feuilles arrivent, les oiseaux chantent, tout ce qui a été contenu, maintenu pendant l’hiver ne demande qu’à éclore, on retrouve une énergie ascendante, c’est comme la sève qui monte dans l’arbre.
Oui on le voit bien dans nos tilleuls cette explosion d’énergie !
La saison de l’été, c’est la récolte des fruits de tout ce qu’on a mis en petite graine, qu’on a protégé, bichonné…
À quels organes et émotions sont rattachés le printemps et l’été?
Au printemps, on est sur l’énergie du bois, et c’est rattaché au foie. Le foie est le maitre d’œuvre du corps, c’est le chef d’orchestre qui diffuse cette énergie. Le foie a un tempérament, il gère les émotions de colère qui ont tendance à monter.
On a l’aubier de tilleul pour drainer et détoxifier le foie, et la sève de bouleau, pour arriver sur une énergie d’été ; là on arrive sur la période du feu, l’énergie du feu et c’est la joie : le cœur, le « maitre-cœur », exprime tous les sentiments de joie.
C’est tout un cycle, une harmonie, qui n’est pas tranchée mais qui bouge, qui est fluide.
On comprend donc pourquoi selon les saisons, on retrouve sans évènement particulier un état naturel et émotionnel et un équilibre plus ou moins harmonieux. Cela montre que le lien corps et l’esprit est inextricable ?
Tout à fait, quand on va dans la nature et qu’on prend conscience qu’on fait partie de cette nature, tout reprend sens.
Donc tous les moyens de se faire du bien, de sentir bon… ?
Oui, le bon, le doux, le réconfortant font du bien au mental et donc au corps. Tout est imbriqué. Quand on est bien dans sa tête, on est bien dans son corps et l’inverse est vrai. D’une façon générale on est bien dans sa peau.
En tant qu’ostéopathe tu dis que l’organisme a besoin de se mettre au diapason de la nature ?
Ah oui.
En fait, on n’est jamais sorti d’une nature ancestrale où, même avec nos vies modernes et nos technologies, le corps continue à fonctionner en fonction de la nature. On l’oublie souvent quand on vit dans les villes…
C’est là qu’arrivent les soucis, le mal être quand on impose un rythme au corps qui n’est pas le bon, ou qu’on ne prend pas le temps de manger des choses qui font du bien énergétiquement au corps, et au mental. C’est un tout. Mais ça n’a jamais changé, on fait partie intégrante de cette nature, on est au centre de cette nature et il faut l’intégrer au maximum. Parfois juste le fait de se poser dehors et de se demander ce qu’ on voit, ce qu’on entend, ce qu’on ressent permet de prendre un peu de recul et de faire attention à soi.
Donc même en ville avec un rythme de fou et l’éloignement de la nature, où on n’a donc pas ce miroir, tout moyen de se rapprocher de la nature sera bénéfique ; même si c’est juste se poser dans un parc 5 mn ou le traverser en écoutant.
Même scotchée dans une ville, il y a des moyens de se rapprocher de la nature et donc de l’essentiel. Je dis toujours : si c’est beau, bon, doux pour vous, c’est que vous êtes sur le bon chemin.
Et ça, c’est très TIL!!!