TiL, ou l’histoire d’un défi de formulation
TiL est une marque de beauté et de soin de soi, holistique car créée à partir de l’arbre holistique par excellence, le tilleul.
C’est lui qui a guidé tout le processus de création.
Lui, ou plutôt eux, la centaine de tilleuls plus que centenaires, enracinés depuis des générations dans notre domaine familial de Dordogne. Qui ont résisté à nombre de tempêtes et qui, même très abimés pour certains, ont trouvé en eux (et entre eux car ils s’aident mutuellement), une force de régénération inouïe pour repartir de plus belle.
Avec leurs étonnants pouvoirs sur la peau, le corps et l’esprit, ils ont donné naissance à TiL et à ses gammes cosmétique, nutri-cosmétique, et parfum.
Nous avons voulu écrire cette série d’articles sur les coulisses scientifiques de TiL, qui a cette rare particularité de n’être pas seulement une marque naturelle, locale, clean, vegan et ultra-sensorielle. C’est aussi une marque qui a demandé 3 années de R&D, sous la houlette des plus grands experts, où tout ce que nous avançons a été prouvé scientifiquement. Car nous voulions valoriser cet arbre incroyable, utilisé depuis des siècles pour ses vertus (au point que Pline l’Ancien l’appelait déjà « l’arbre médecin »), par la Science du 21ème siècle, biotechnologie et neurosciences.
Aujourd’hui, dans ce 3ème épisode, nous interrogeons Daniel Joutard, fondateur et dirigeant du Laboratoire Savoir des Peuples, expert de la cosmétique naturelle, qui a formulé les produits TiL.
Un défi de formulation pour concilier naturalité, sensorialité et efficacité, avec un degré de complexité supplémentaire, en devant construire les formules autour d’un actif exclusif, le Tiliactiv4®, une matière brute associant extraits de fleurs, feuilles, rameaux et bourgeons frais, récoltés dans le domaine familial de Dordogne.
Daniel Joutard, tu es le fondateur et dirigeant du Laboratoire Savoir des Peuples.
Oui, nous sommes un laboratoire de cosmétique situé au cœur de Paris et notre métier est de développer des produits de soin naturels pour les marques.
Je n’ai pas un parcours de chimiste, et je suis arrivé dans ce monde là via les plantes pour lesquelles j’ai une passion ancienne et, des plantes j’ai voulu travailler sur des extraits, et des extraits sur des produits.
Qu’est ce qui t’a motivé pour mettre ton expertise en formulation naturelle au service de TiL ?
C’est déjà une rencontre, celle avec les fondatrices, qui sont enthousiasmantes et pleines de passion.
Ensuite, c’est une histoire qui est vraie. Quand on travaille sur de la cosmétique, on travaille sur une histoire, de la sensorialité, de l’efficacité et Til travaille vraiment sur tous ces aspects de la création. On a la création d’une filière, d’un ingrédient, à la fois familier et très particulier, et TiL maitrise cette chaine de production, de leur champ jusqu’au point de vente ; c’est rare, donc ça rend l’histoire extrêmement intéressante et riche pour créer des formules autour de ça.
Ce qui est motivant, lorsqu’on travaille des produits avec une origine tracée et marquée, c’est qu’il y a plusieurs défis en termes de formulation. En fait, quand on utilise des ingrédients provenant de fournisseurs, pensés dès l’origine pour la cosmétique, tout est déjà balisé.
Alors que là, avec le Tilleul de Dordogne, on travaille sur un ingrédient brut qui va être mis en valeur ensuite derrière, et il y a des enjeux de stabilisation parce que ce sont des ingrédients qui sont très riches en anti-oxydants, et on sait que cela peut avoir des conséquences par exemple en termes de coloration sur les produits. Il y a un vrai défi technique pour arriver à stabiliser cela au sein d’une crème ou d’un produit, tout en gardant l’efficacité de l’extrait.
C’est habituel de travailler avec un actif exclusif ?
C’est assez original de travailler avec des marques qui vont contrôler la chaine, du début de la production jusqu’à la commercialisation d’un produit ; ce sont des choses relativement rares.
La plupart du temps, pour créer un produit, on va faire de l’assemblage de matières premières qui existent déjà et qui sont accessibles au plus grand nombre. Dans le cas de TiL, on a affaire à un ingrédient de terroir sur lequel on va être contraint par le temps, la durée, la saison, donc ça rend le développement plus compliqué, mais en même temps plus passionnant.
Quel est le processus de développement d’une formule ?
Pour développer un soin et une formule il y a différentes étapes, on se réunit d’abord avec les fondatrices pour essayer de comprendre exactement qu’elles ont en tête.
Ensuite, on va travailler sur 3 dimensions, sur l’histoire, mais là dans le cas de TiL, l’histoire est déjà constituée, donc notre travail va plutôt être de réfléchir à comment la mettre en valeur, ainsi que cet ingrédient magique. On va travailler sur la sensorialité, et il y a eu un très gros travail fait au niveau du parfumage, avec la note créée par Francis Kurkdjian, et on va travailler sur l’efficacité,qu‘on a évidemment via l’extrait de Tilleul, et qu’on va essayer de mettre en valeur avec une sélection d’autres actifs naturels.
Ensuite, on va passer en phase de développement et de prototypage, et faire plusieurs propositions. Quand on a de la chance et qu’on a très bien compris les attentes de TiL, cela peut durer 4 mois, voire plus si le développement est plus compliqué. On réalise ensuite une phase de tests pendant 2 à 4 mois en fonction de la complexité des produits.
Comment as tu travaillé la galénique des différents produits ?
La complexité dans le développement des produits Til, c’est d’allier plusieurs choses.
C’est déjà difficile et compliqué de faire des produits extrêmement naturels tout en préservant une grande sensorialité, mais là en plus on a l’extrait de tilleul. C’est génial, mais pour nous, en tant que formulateur, c’est plus compliqué car, dès qu’on touche à des matières premières brutes, on va avoir de la volatilité, de la variation, de l’évolution dans le temps qu’il nous faut gérer. Donc c’est d’arriver à maitriser toutes ces contradictions en même temps qui rend le développement de Til assez exigeant.
Quelles sont les caractéristiques des différentes formules ?
- La complexité du Baume Qui Ressource est d’arriver à faire un produit qui àla fois riche, présent mais pas trop. Dès qu’on travaille sur des produits riches naturels, on a besoin de recourir aux huiles végétales, le problème étant qu’elles ont souvent un fini un peu lourd. Il faut donc arriver à trouver le bon ajustement pour avoir cette présence, cette nutrition, cette richesse, avec un effet un petit peu évanescent, et ce calage là est toujours un peu compliqué en cosmétique naturelle.
- La Gelée à Fleur de Peau est un produit que j’aime beaucoup car il est à la fois assez simple dans sa construction et assez compliqué. A la différence des émulsions où on mélange des huiles et de l’eau, là on est sur une monophase, et la difficulté est d’arriver à avoir le bon niveau de viscosité, c’est à dire de gélification. Souvent les gelées en version naturelle sont assez collantes, et ici on a travaillé sur une gélification à base de dérivés d’algues qui nous permet d’avoir un toucher beaucoup plus doux.
- Pour Le Lait Corps et Ame, le défi est d’avoir une texture à la fois fluide qui s’étale bien, qui pénètre vite, qui ne soit pas collante et avec un fini très doux et soyeux.
- Concernant le Gel qui Fait Chanter, c’est un produit qui a l’air relativement simple mais l’enjeu est d’arriver à vraiment mettre en valeur le parfum qui est la star du produit. Or souvent les moussants qu’on utilise ont une odeur rémanente et il faut arriver à trouver la bonne combinaison d’agents moussants pour avoir la pleine expression du parfum, tout en gardant un très grand plaisir et confort d’application.
Comment as tu réussi à concilier naturalité, sensorialité et efficacité ?
Le secret pour arriver à combiner des choses un peu contradictoires ou qui peuvent le paraître, et c’est ce qui a été intéressant dans le processus de création des produits TiL, ça a été de combiner notre exigence et notre savoir-faire de naturalité (notre métier historique), avec pour TiL l’exigence de Lionel de Benetti qui nous orientait, de galénique et de sensorialité. Croiser cette double exigence a donné des résultats qui étaient très intéressants.
Comment êtes vous arrivé à avoir un pourcentage de naturalité des formules aussi élevé, tout en étant aussi sensoriel et efficace ?
Développer un bon produit, c’est avoir une très grande exigence sur un maximum de dimensions possibles : c’est pousser la naturalité au maximum, la sensorialité au maximum, l’efficacité au maximum, et après c’est de faire des arbitrages.
Les bons produits sont ceux qui arrivent à pousser les curseurs au plus loin en fonction d’un besoin initial. Faire un produit absolument naturel mais que personne ne va vouloir utiliser, ce n’est pas forcément une bonne idée. On peut parfois mettre dans les formules des produits qui sont dérivés de la chimie verte ou de la chimie, à condition bien entendu qu’ils soient safe et qu’ils permettent d’augmenter significativement une efficacité ou un plaisir d’utilisation.
Par exemple à chaque fois qu’on va utiliser un conservateur chimique, ça va toujours être un conservateur qui va être doux, potentiellement utilisable en produit bio, et toujours celui là parce qu’on ne peut pas en utiliser un autre. Les conservateurs sont à la fois obligatoires et nécessaires car, dès qu’on a des produits qui contiennent de l’eau, ceux ci sont fragiles et sensibles à la contamination lors de l’utilisation. Il faut les protéger, car on se doit de mettre sur le marché des produits qui sont sûrs, et se conservent dans la durée, dans de bonnes conditions sur plusieurs mois.
Les formules TiL sont à la fois green et clean, c’est à dire qu’elle s’attachent à préserver la peau et l’environnement, avec une forte focalisation sur le végétal qui est l’essentiel de l’approche de formulation.