Passer au contenu

Panier

Votre panier est vide

Rencontre avec Alexandre Jollien, philosophe de la Joie !

Rencontre avec Alexandre Jollien, philosophe de la Joie !

Et si pour une fois on parlait de joie ?

La joie est une émotion centrale chez TiL. Si elle nous tient particulièrement à cœur, c’est par ce qu’elle porte en elle de promesses en ces temps troublés puisqu’elle apaise corps et esprit, et stoppe l’hormone du stress, mais aussi et surtout car un des nombreux surnoms du tilleul est « l’arbre de la joie ». Ainsi Laurence Monce, sylvothérapeuthe, le décrit comme l’arbre le plus doux, un baume pour le cœur, qui apporte beaucoup de réconfort, dont les fleurs ressemblent à de petits soleils qui éclairent le monde de leur lumière. « Son côté féminin apporte joie et optimisme » (extrait de «ces arbres qui nous veulent du bien »-Dunod).

Mais qu’entend on par le mot « joie » ?

Nous avons interrogé le philosophe Alexandre Jollien, qui a partagé pour TiL sa vision profonde de la joie, qui est de « dire oui ». Oui au monde, pour que la vie gagne du terrain malgré les péripéties. Plus qu’une émotion, c’est une vraie philosophie de vie

Giono dit que la joie est le secret du bonheur, Spinoza que c’est une forme de grâce, l’accomplissement de notre nature. Quelle serait la définition d’Alexandre Jollien?

À mes yeux, c’est avant tout un dire oui, une joyeuse acceptation du réel tel qu’il se propose. Spinoza dit qu’elle procède de la passion et on le voit bien, il ne suffit pas de claquer des doigts pour y accéder. Nulle recette, aucun mode d’emploi, tout au mieux peut-on s’y rendre disponible en pratiquant des exercices spirituels, en adoptant un art de vivre, en se dépouillant de tout ce qui entrave sa venue. Elle est éminemment solidaire. Comment imaginer la goûter si on vit retranché du monde, coupé des autres, éloigné de tout lien. C’est un exercice, une pratique et un don reçu et partagé à chaque instant.

 

On dit que survivre n’est pas vivre. Pensez-vous que la joie est une composante essentielle de la Vie, et pourquoi?

Oui, mais il faut se garder d’en faire une injonction, une exigence de plus. Chacun avance avec les moyens du bord et les forces du jour. Le premier pas c’est comprendre, comme l’a montré le Bouddha, que tout est souffrance. La vie est fragile, tragique, en un sens, à la merci de tant d’accidents. La bonne nouvelle c’est que la joie peut être découverte au cœur du chaos, avec nos blessures et nos traumatismes. Nietzsche a cette parole magnifique : « Il faut encore porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. » Le bonheur présuppose une stabilité, une permanence qui me paraît presque écrasante. La joie, elle, est compatible avec les hauts et les bas de l’existence. Comme le révèle Bergson, elle atteste que la vie gagne du terrain. Rien ne la contrarie plus que la résignation. Elle est fluidité. Pour la nourrir, dans la difficulté, nous sommes invités à poser des actes et, avant tout, d’oser nous poser la question spinoziste « qu’est-ce qui nous met réellement en joie ? »

 

Vous qui avez des enfants, pensez-vous que l’on nait joyeux (ou pas) ? La joie s’apprend-elle?

Erasme écrivait que l’on ne naît pas homme, on le devient. Femme, homme, nous nous construisons au gré des rencontres, du hasard et de la nécessité, des épreuves et des instants heureux. Nous ne portons pas tous les mêmes bagages, certains doivent affronter de lourds traumatismes, des épreuves à répétition. La bonne nouvelle c’est que rien n’est à jamais foutu, que la vie peut toujours circuler grâce à la solidarité. Même un mourant dans son intériorité peut progresser. Il ne s’agit pas d’assener une injonction à être dans la joie mais peut-être de prêcher par l’exemple. Chacun a ses rythmes, l’âme a ses saisons.

 

La joie se transmet-elle? Comment?

Récemment j’ai vu un podcast un peu bébête sur comment devenir millionnaire. Un truc m’a fait tilt. Les millionnaires sont souvent entourés de millionnaires. Il en va peut-être ainsi pour la joie. Comment la savourer si on s’enlise en permanence dans des liens toxiques ? Le zen parle d’amis dans le bien. Pour progresser, il s’agit d’être épaulé et d’épauler. Savoir demander de l’aide, pratiquer une voie spirituelle, s’engager sur un chemin de solidarité, poser des actes. Il y a mille chantiers dans la joie, d’heureux chantiers.

 

La joie est-elle contagieuse?

Oui, encore faut-il y rester sensible ! Le défi est de bâtir une société éveillée, plus libre. Ne pas répandre la haine, désamorcer tout ce qui favorise de funestes engrenages. On pourrait devenir des casques bleus, des artisanes, des artisans de paix, toujours poser des actes qui contrarient le narcissisme et ouvrent à la vie. Quelles sont nos références de joie et de bonheur ? Quels sont nos modèles de vie réussie, de vie bonne ? A quoi assimilons-nous une existence « réussie » ?

 

Vous écrivez vous même, « rien n’est simple, tout est pratique » ; y a-t-il selon vous une pratique de la joie que l’on peut transmettre concrètement?

La formule est de mon ami Bernard Campan. Elle révèle magnifiquement que tout est chemin, occasion de progrès et de transformation intérieure. Dans Humain trop humain, Nietzsche dit que la première pensée de la journée pourrait être de se demander à qui, ce jour-là, on peut faire plaisir. C’est simple, basique, pratique. Swâmi Prajnânpad disait que l’amour consiste à aider l’autre à relâcher ses tensions. Là aussi, le défi est concret, simple. Pour se lancer dans l’aventure, toujours nous sommes conviés à la grande question de Spinoza « qu’est-ce qui nous met réellement en joie ? ». La joie est le gouvernail de notre vie, son moteur, sa boussole.

 

 

Y a t’il une joie ou des joies? Y a t’il des joies d’enfants et des joies d’adultes ? Des joies de femmes et d’hommes ?

Le danger c’est de mettre une étiquette quand il s’agit de sentir, de s’ouvrir sans analyser. Le Bouddha disait que l’origine de notre souffrance tient à la fixation, se fixer dans une image de soi, s’accrocher aux émotions et aux choses. D’ailleurs, les enfants nous montrent bien cette dynamique, cette fluidité qu’est la vie. Ils passent des rires aux larmes en une fraction de secondes. Le zen nous apprend à vivre sans rejet ni saisie. Se braquer, se raidir c’est se couper de la source. Expérimenter, sentir et non pas figer.

 

La nature peut-elle selon vous mettre en joie ? L’avez-vous déjà expérimenté ?

Rousseau avait coutume d’herboriser, il trouvait mille plaisirs dans la nature. A ses yeux, précisément, la nature est acceptation. On ne rencontre jamais un rossignol qui grogne, un animal qui ronchonne. Retrouver la nature, c’est aussi se reconnecter à plus fort que soi, plus fort que le moi. C’est en somme sortir de prison, quitter les barrières étriquées de son individualité. La nature est notre maison, notre habitat qu’il s’agit de respecter infiniment. Elle offre un contraste avec les pressions sociales et ses rythmes de dingue qui caractérisent notre société. 

 

« Le degré de ce qu’un homme peut souffrir détermine sa profondeur et son sérieux, mais aussi sa joie ». Faut-il forcement passer par la souffrance pour accéder à la vraie joie ?  

Il faut se méfier du dolorisme qui croit voir dans la souffrance le seul accès à la liberté, à la paix. Comme s’il fallait absolument se décaper pour être purifié. Ce n’est pas la joie qui grandit mais ce que l’on en fait. Et on peut devenir complètement amer et aigri tant l’épreuve peut nous ronger. Sans la solidarité, seuls, nous sommes cuits. Ce qui est vrai c’est que la sensibilité est à double tranchant. Se blinder, se réfugier derrière une carapace, une armure c’est se couper des liens, de l’imprévu, de la beauté et de la bonté du monde.

 

Quels seraient vos conseils pour nous aider à la développer dans un monde où le stress et l’anxiété sont très présents, surtout dans les grandes villes ?

À mes yeux, il y a trois piliers essentiels : la pratique d’une voie spirituelle (la méditation, la prière, les exercices que proposent les différentes traditions), l’amitié spirituelle (de solides liens qui nous aident à progresser dans un amour inconditionnel loin du désir de plaire et de la peur de perdre) et enfin, la pratique de la générosité, tout mettre en œuvre pour bâtir avec les forces du jour une société plus libre, éveillée et juste. Plus que tout, il s’agit de poser des actes, l’intention ne suffit pas. Nous sommes invités à persévérer sur ce chemin de joie et de libération.

 

 

Le tilleul, arbre à danser, arbre de l’amour est aussi parfois appelé l’arbre de la joie ! Que cela vous évoque-t-il ?

Pour s’élancer vers le ciel, un arbre a besoin d’être profondément ancré dans le sol. Aucune spiritualité qui vaille, si elle n’est pas inscrite dans une solidarité, dans l’ici et maintenant, dans le don de soi ! Un arbre à danser… apprendre à danser dans le chaos, à dire oui au monde, au tragique de l’existence et rester fluide, libre et généreux… Arbre de l’amour… porter des fruits, ne pas se recroqueviller sur soi mais donner, partager, devenir offrandeArbre de la joie… on n’a jamais vu un arbre se déraciner pour aller ailleurs ! Là où il est, là il porte des fruits. La joie tient de ce dire oui actif et fécond. Magnifique symbole que cet arbre ample et généreux qui, au demeurant, donne de sacrées bonnes tisanes !

 

Merci beaucoup Alexandre Jollien.

Dire oui… oui non pas à des miracles, mais à des petits moments apaisants et joyeux qui évadent du stress, et font glisser dans une parenthèse sensorielle… c’est toute l’ambition de TiL.

Lire plus

Alléger le stress, ce fléau

Alléger le stress, ce fléau

Si vous n’êtes pas ou jamais stressés, vous faites partie d’une minorité heureuse ! Les motifs de stress sont pléthoriques, et peuvent non seulement gâcher la vie, mais avoir de graves conséque...

En savoir plus
Vert par nature

Vert par nature

Vous avez dit green ? Green, sustainable, clean… tous ces anglicismes fleurissent partout, avec plus ou moins de sincérité… Chez TiL, on est juste vert par nature ! Parce que toute la création de ...

En savoir plus